-
Voilà les feuilles sans sève
qui tombent sur le gazon
voilà le vent qui s'élève
et gémit dans le vallon
voilà l'errante hirondelle
qui rase du bout de l'aile
l'eau dormante des marais
voilà l'enfant des chaumières
qui glane sur les bruyères
le bois tombé des forêts
C'est la saison où tout tombe
aux coups redoublés des vents
un vent qui vient de la tombe
moissonne aussi les vivants
ils tombent alors par mille
comme la plume inutile
que l'aigle abandonne aux airs
lorsque des plumes nouvelles
viennent réchauffer ses ailes
à l'approche des hivers
C'est alors que ma paupière
vous vit palir et mourir
tendres fruits qu'à la lumière
dieu n'a pas laissé murir
quoique jeune sur la terre
je suis dejà solitaire
parmi ceux de ma saison
et quand je dis en moi-même
"où sont ceux que ton cur aime?"
je regarde le gazon
C'est un ami de l'enfance
qu'aux jours sombres du malheur
nous preta la providence
pour appuyer notre cur
il n'est plus : notre âme est veuve
il nous suit dans notre épreuve
et nous dit avec pitié
"Ami si ton âme est pleine
de ta joie ou de ta peine
qui portera la moitié?"
C'est une jeune fiancée
qui, le front ceint du bandeau
n'emporta qu'une pensée
de sa jeunesse au tombeau
Triste, hélas ! dans le ciel même
pour revoir celui qu'elle aime
elle revient sur ses pas
et lui dit : "ma tombe est verte!
sur cette terre déserte
qu'attends-tu? je n'y suis pas!"
C'est l'ombre pâle d'un père
qui mourut en nous nommant
c'est une sur, c'est un frère
qui nous devance un moment
tous ceux enfin dont la vie
un jour ou l'autre ravie,
enporte une part de nous
murmurent sous la pierre
"vous qui voyez la lumière
de nous vous souvenez vous?"
Voilà les feuilles sans sève
qui tombent sur le gazon
voilà le vent qui s'élève
et gémit dans le vallon
voilà l'errante hirondelle
qui rase du bout de l'aile
l'eau dormante des marais
voilà l'enfant des chaumières
qui glane sur les bruyères
le bois tombé des forêts
3 commentaires -
Photo de Fabrice Deschamps
L'homme et la mer
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !Charles Baudelaire (1821-1867)
Recueil: Les fleurs du mal
10 commentaires -
Photo de Patricia et Franck prise par Rodolphe en 2004
Je les laisse s'exprimer.
A eux qui ont toute ma tendresse.....
1 commentaire -
Je vous en parlerai peu.
Ils sont ce qu'il y a de plus précieux, pour moi...Les deux plus beaux cadeaux de ma vie.
Enfant, rêve encore !
Dors, ô mes amours !
Ta jeune âme ignore
Où s'en vont tes jours.
Comme une algue morte
Tu vas, que timportes !
Le courant t'emporte,
Mais tu dors toujours !extrait "Dans l'alcôve sombre". Recueil "Les feuilles d'automne". Victor Hugo
-
Février 2007
J'ai commencé ce blog en pensant échanger avec vous....Je m'aperçois qu'il n'en est rien....Alors pourquoi passer du temps à vous donner des bons plans pour vos voyages au lieu de préparer mes futurs séjours. De ce fait, comme je suis fâchée, je limite et je mets juste quelques photos. Néanmoins, si un de vous m'interroge et souhaite en apprendre davantage, je communiquerai des informations complémentaires.
Que ce texte ne vous blesse pas tous car j'ai vu que quelques uns donnaient, eux aussi beaucoup d'eux même.
5 commentaires