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Par sephyr le 2 Avril 2007 à 17:48
Le petit prince est écrit en 1942 et sera publié l'année suivante
Si tu mapprivoises...
Comment lamour dépasse les frontières
Quand le renard apprend au Petit Prince à aimer
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Cest alors quapparut le renard.
Bonjour, dit le renard.
Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.
Je suis là, dit la voix, sous le pommier.
Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli...
Je suis un renard, dit le renard.
Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...
Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.
Ah ! pardon, fit le petit prince.<o:p></o:p>Mais, après réflexion, il ajouta :
Quest-ce que signifie "apprivoiser" ?
Tu nes pas dici, dit le renard, que cherches-tu ?
Je cherche les hommes, dit le petit prince. Quest-ce que signifie "apprivoiser" ?
Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. Cest bien gênant ! Ils élèvent aussi des poules. Cest leur seul intérêt. Tu cherches des poules ?
Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Quest-ce que signifie "apprivoiser" ?
Cest une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie "créer des liens..."
Créer des liens ?
Bien sûr, dit le renard. Tu nes encore pour moi quun petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je nai pas besoin de toi. Et tu nas pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi quun renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu mapprivoises, nous aurons besoin lun de lautre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois quelle ma apprivoisé...
Cest possible, dit le renard. On voit sur <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Terre">la Terre</st1:PersonName> toutes sortes de choses...
Oh ! ce nest pas sur <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Terre">la Terre</st1:PersonName>, dit le petit prince. Le renard parut très intrigué :
Sur une autre planéte ?
Oui.
Il y a des chasseurs, sur cette planète-là ?
Non.
Ca cest intéressant ! Et des poules ?
Non.
Rien nest parfait, soupira le renard.<o:p></o:p>Mais le renard revint à son idée :
Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je mennuie donc un peu. Mais, si tu mapprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien mappellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, cest triste ! Mais tu as des cheveux couleur dor. Alors ce sera merveilleux quand tu mauras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et jaimerai le bruit du vent dans le blé...<o:p></o:p>Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
Sil te plaît... apprivoise-moi ! dit-il.
Je veux bien, répondit le petit prince, mais je nai pas beaucoup de temps. Jai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
On ne connaît que les choses que lon apprivoise, dit le renard. Les hommes nont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il nexiste point de marchands damis, les hommes nont plus damis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
Que faut-il faire ? dit le petit prince.
Il faut être très patient, répondit le renard. Tu tassoiras dabord un peu loin de moi, comme ça, dans lherbe. Je te regarderai du coin de loeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras tasseoir un peu plus près...<o:p></o:p>Le lendemain revint le petit prince.
Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de laprès-midi, dès trois heures je commencerai dêtre heureux. Plus lheure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je magiterai et minquiéterai ; je découvrirai le prix du bonheur ! Mais si tu viens nimporte quand, je ne saurai jamais à quelle heure mhabiller le coeur... Il faut des rites.
Quest-ce quun rite ?
Cest aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. Cest ce qui fait quun jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener jusquà la vigne. Si les chasseurs dansaient nimporte quand, les jours se ressembleraient tous, et je naurais point de vacances.<o:p></o:p>Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand lheure du départ fut proche :
Ah ! dit le renard... Je pleurerai.
Cest ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je tapprivoise...
Bien sûr, dit le renard.
Alors tu ny gagnes rien !
Jy gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé. Puis il ajouta :
Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau dun secret.<o:p></o:p>Le petit prince sen fut revoir les roses.
Vous nêtes pas du tout semblables à ma rose, vous nêtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisé et vous navez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce nétait quun renard semblable à cent mille autres. Mais jen ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde. Et les roses étaient gênées.<o:p></o:p>Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait quelle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque cest elle que jai arrosée. Puisque cest elle que jai mise sous globe. Puisque cest elle que jai abritée par le paravent. Puisque cest elle dont jai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque cest elle que jai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque cest ma rose.<o:p></o:p>
Et il revint vers le renard :
Adieu, dit-il...
Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien quavec le coeur. Lessentiel est invisible pour les yeux.
Lessentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
Cest le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
Cest le temps que jai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir.
Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas loublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...
Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir.<o:p> </o:p>
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