• Sculpture Hercule enchaîné par l'amour de Jean Joseph Vinache

    [1810] - [1857]
    Alfred de Musset

    Alfred de Musset naquit à Paris le 11 décembre 1810 au sein d'une famille où l'on a le goût des lettres et des arts.
    Après de brillantes études au lycée Henri IV où il se fait remarquer (sans effort, il commence à écrire des vers dès l'âge de 14 ans et remporte tous les prix de littérature), il délaisse rapidement l'université où, indécis, il ne sait quelle carrière choisir: il s'ennuie en droit, la vue d'un cadavre en médecine le traumatise gravement, il hésite entre peinture et musique, pour finalement se laisser aller à la littérature.
    Il a dix-neuf ans lorsqu'il publie son premier recueil de poèmes, Contes d'Espagne et d'Italie (1830); alors que les autres romantiques font dans le monumental et les amours torturées, Musset se montre brillant, ironique et léger.
    Il n'a pas vingt ans qu'on l'invite aux cénacles romantiques, comme celui de Charles Nodier, où il lit ses Contes d'Espagne et d'Italie en 1830, où il fréquente Alfred de Vigny, Sainte-Beuve et Victor Hugo. Il fréquente aussi de jeunes bourgeois argentés dont la vie n'est qu'une succession de fêtes: avec eux, Musset fait preuve d'un talent singulier pour les excès d'alcool, de jeu et de débauche sexuelle.
    Enfant terrible du mouvement romantique par sa fantaisie, son indépendance et son admiration pour l'art classique, Musset, comme tous les auteurs de son temps, s'oriente d'abord vers le théâtre qui procure alors célébrité et argent et monte des pièces de théâtre avec son frère Paul.
    La production de sa première pièce, <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName ProductID="la Quittance" w:st="on">la Quittance</st1:PersonName> du diable, est annulée à cause des troubles révolutionnaires de juillet 1830. Sa deuxième pièce, une comédie, <st1:PersonName ProductID="la Nuit" w:st="on">la Nuit</st1:PersonName> vénitienne, créée plus tard la même année est un échec total: elle est sifflée par le public.
    Musset renonce alors à la scène, mais pas à l'écriture théâtrale, qu'il exercera désormais en toute liberté, sans se soucier des contraintes pratiques de la scène et du style à la mode. Dès 1832, il publie un premier tome d'Un spectacle dans un fauteuil, puis, en 1833, Les Caprices de Marianne. C'est à la suite de la publication de cet ouvrage que Buloz, le puissant directeur de <st1:PersonName ProductID="la Revue" w:st="on">la Revue</st1:PersonName> des Deux Mondes, recrute Musset; au cours des années qui suivront, c'est lui qui publiera la plupart des textes de l'auteur.
    C'est d'ailleurs à un dîner de la revue que Musset rencontre George Sand – cette romancière (de son vrai nom Aurore Dupin) déjà célèbre qui s'habille en homme et qui fait scandale. Ils auront une liaison orageuse, qui culminera lors d'un voyage à Venise au début de 1834; pendant leur séjour, Musset tombera gravement malade et souffrira d'hallucinations et de crises de démence. Après une série de ruptures et de réconciliations, leur liaison prend fin en 1835. Cette liaison aussi intense que brève avec George Sand va donner à son génie la maturité qui lui faisait encore défaut.
    C'est au cours de cette période qu'il écrit Fantasio et On ne badine pas avec l'amour, pièces qui offrent un mélange de fantaisie légère et de cynisme masquant à peine un profond désespoir. De plus, de l'épreuve bouleversante de la rupture va naître un chef-d'oeuvre inclassable, monstrueux, réputé injouable, diamant noir du romantisme français, le drame théâtral de Lorenzaccio (1834), le Chandelier en 1835, une autobiographie avec le récit de La confession d'un enfant du siècle (1836) qui analyse de façon très lucide le mal singulier qui le frappe: l'ennui de vivre ou «mal du siècle», que Musset explique par des raisons historiques et les espoirs déçus de toute la génération née comme lui «avec le siècle», et les quatre poèmes des Nuits (1935-1937) qui mettent en scène le poète interrogeant la muse sur l'inspiration et sur sa relation avec la souffrance.
    Mais peu à peu, incapable de surmonter définitivement cette crise existentielle, Musset, à 28 ans, aura déjà donné le meilleur de lui-même: le rythme de son écriture ralentit, ainsi que la qualité de sa production.
    La publication, en 1840, du recueil de ses principales pièces de théâtre sous le titre Comédies et proverbes, marque chez Musset la fin de sa vigueur littéraire. Il a trente ans. Sa vie totalement déréglée par des abus de toutes sortes – en particulier d'alcool – affaiblit son intellect, sa capacité de concentration et ses forces créatrices.
    Cependant, un événement inattendu vient illuminer les dix dernières années de sa vie: en 1847, <st1:PersonName ProductID="la Com←die Fran￧aise" w:st="on">la Comédie Française</st1:PersonName> joue sa pièce, Les Caprices de Marianne et c'est un véritable triomphe. C'est une surprise pour tout le monde, Musset compris: son théâtre de fauteuil n'avait jamais encore été joué en France et l'auteur n'avait rien fait pour qu'on le produise. Presque toutes ses autres pièces (Lorenzaccio est au nombre des exceptions) sont montées et des théâtres commandent de nouveaux textes à Musset, malheureusement incapable, épuisé par les plaisirs et l'alcool, avec Louison ou Carmosine d'atteindre la richesse et la grâce de ses textes passés.
    Malade, découragé, malgré une double reconnaissance officielle, – la légion d'honneur en 1845 et son élection à l'Académie française en 1952, – un poste de bibliothécaire du ministère de l'Instruction publique que lui confie le gouvernement l'année suivante (c'est en fait un poste honorifique, dont le salaire est plus que convenable et la tâche de travail, à peu près inexistante), et, même, si son théâtre est de plus en plus reconnu, il déclinera doucement dans la solitude jusqu'à sa mort dans l'indifférence quasi générale, oublié de ses contemporains, le 2 mai 1857.

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